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Le grand projet d'IA d'Ubisoft : avenir prometteur ou simple effet de mode auprès des investisseurs ?

Le grand projet d'IA d'Ubisoft : avenir prometteur ou simple effet de mode auprès des investisseurs ?

Rapport financier discret d'Ubisoft, message clair sur l'IA

Ubisoft a finalement publié son rapport financier du premier semestre de l'exercice 2026, retardé jusqu'à présent, et il s'est avéré bien moins dramatique que prévu. Pas de crise financière soudaine, pas de rachat secret par Tencent, et aucun rebondissement explosif n'a justifié ce retard.

La véritable raison était étonnamment banale. Ubisoft avait nommé de nouveaux auditeurs en juillet, ce qui avait ralenti les calculs et les formalités administratives en interne. Le retard qui avait alimenté les spéculations quant à de graves problèmes était donc dû à des problèmes logistiques comptables plutôt qu'à une crise au sein de l'entreprise.

Même si les chiffres n'ont pas fait grand bruit, le rapport a tout de même soulevé un point important. Le PDG d'Ubisoft, Yves Guillemot, en a profité pour insister sur un sujet qu'il souhaite clairement voir mis en avant : l'intelligence artificielle générative et son impact potentiel sur les futurs jeux Ubisoft.

L'IA aussi importante que le passage à la 3D ?

Lors de sa présentation, Guillemot a affirmé que l'IA générative représente une révolution aussi importante pour le jeu vidéo que le passage de la 2D à la 3D. Une déclaration audacieuse quand on se souvient à quel point la 3D a tout bouleversé, de Super Mario 64 à la première vague de jeux en monde ouvert.

D'après Guillemot, Ubisoft fait des progrès considérables en matière d'IA, notamment pour des cas d'utilisation à forte valeur ajoutée. Autrement dit, il est convaincu que l'IA aura un impact significatif tant pour les joueurs que pour les développeurs, et ne se limitera pas à une simple démonstration technique impressionnante.

Du côté des joueurs, Ubisoft développe un concept déjà dévoilé : ses néo-PNJ alimentés par l’IA. Ces personnages non-joueurs utilisent l’IA générative pour créer des conversations et des réactions plus dynamiques. L’idée est que chaque interaction avec un PNJ soit unique et adaptée à votre style de jeu.

Ubisoft a présenté ce concept pour la première fois en 2024 et, selon Guillemot, il est désormais passé du stade de prototype à une version plus réaliste. Il a laissé entendre que l'entreprise partagera davantage d'informations avant la fin de l'année, ce qui laisse présager l'apparition prochaine de ces personnages pilotés par l'IA dans un jeu ou lors d'une phase de test.

Côté développement, Guillemot indique que les équipes de tous les studios d'Ubisoft expérimentent l'IA pour :

  • Assistance en programmation, notamment pour la rédaction ou la révision de code.
  • Processus artistiques incluant la création de concepts et d'éléments
  • Qualité globale du jeu grâce à une itération plus rapide et aux outils internes

En clair, Ubisoft souhaite que l'IA prenne en charge une plus grande partie des tâches répétitives ou chronophages afin que les équipes humaines puissent se concentrer sur la conception, la narration et le peaufinage. Du moins, c'est la vision idéale présentée aux investisseurs et au grand public.

Entre battage médiatique, réalité et ambiance de bulle IA

Si vous avez l'impression d'avoir déjà entendu tout cela, rassurez-vous, vous n'êtes pas seul. Le monde du jeu vidéo et de la technologie est inondé de promesses grandioses concernant l'IA depuis quelques années : des PNJ personnalisés, des mondes plus intelligents, une rejouabilité infinie. Chaque grand éditeur et chaque plateforme a sa propre version du même argumentaire.

L'article souligne que les propos de Guillemot s'inscrivent parfaitement dans le discours de la quasi-totalité des PDG des grandes entreprises technologiques. Avec plus de mille milliards de dollars déjà investis dans l'IA à l'échelle mondiale, aucun de ces dirigeants ne peut se permettre de prétendre ne pas miser gros sur ce domaine. Une telle déclaration susciterait bien plus de scepticisme qu'une nouvelle série de promesses grandiloquentes.

Mais l'opinion publique sur l'IA évolue. Même en dehors du secteur du jeu vidéo, on commence à se demander quelle part de l'engouement actuel correspond à de réels progrès et quelle part relève plutôt de la course à la prochaine bulle spéculative. Récemment, Sundar Pichai, PDG de Google, a admis que cette ruée vers l'or de l'IA avait comporté une part d'irrationalité. Parallèlement, les marchés boursiers sont devenus plus nerveux, les analystes évoquant de plus en plus la formation d'une bulle spéculative liée à l'IA.

Ce scepticisme généralisé s'étend également aux jeux vidéo. Les joueurs ont déjà entendu des promesses miraculeuses similaires concernant la détection de mouvements, les téléviseurs 3D, la réalité virtuelle, la blockchain et les NFT. Certaines de ces technologies ont trouvé leur place, d'autres se sont cantonnées à un usage de niche ou ont suscité une vive opposition.

Cet article ne prétend pas que l'IA va disparaître. Au contraire, il suggère qu'elle deviendra probablement un élément permanent des outils de développement. Les studios l'utiliseront pour le débogage, la création d'éléments, l'écriture des quêtes, les tests et, occasionnellement, pour des fonctionnalités intéressantes destinées aux joueurs.

Ce que l'auteur remet en question, c'est le ton messianique. Des expressions comme « nouvelle révolution industrielle » et « passage à la 3D » n'ont plus le même impact en 2025. On a l'impression que les grandes promesses ont perdu de leur attrait. Les joueurs veulent des jeux finis et plus agréables à jouer, pas de nouveaux discours conceptuels lors de conférences avec les investisseurs.

Dans ce contexte, le discours de Guillemot apparaît comme un exemple typique de la situation actuelle. Une entreprise se doit de rassurer les investisseurs avec un discours ambitieux sur l'IA, tandis que les joueurs, pour la plupart, haussent les épaules et attendent de voir ce qui sera réellement commercialisé. Si la publication des résultats financiers n'avait pas été retardée de six jours, ce discours sur l'IA aurait sans doute eu un impact plus important. Au lieu de cela, il a été accueilli par un public un peu plus prudent, un peu plus sceptique, et surtout soucieux de savoir si le prochain Assassin's Creed apportera réellement un vent de fraîcheur.

Pour l'instant, Ubisoft insiste sur le fait qu'elle passe des prototypes à la réalité avec ses néo-PNJ et autres outils d'IA. Le véritable test sera simple : les futurs jeux Ubisoft seront-ils plus intelligents, plus réactifs et plus amusants, ou l'IA ne sera-t-elle qu'un énième concept à la mode, séduisant sur les diapositives mais sans jamais véritablement transformer l'expérience de jeu ?

Article et image originaux : https://www.pcgamer.com/gaming-industry/ubisoft-says-ai-is-as-big-a-revolution-for-our-industry-as-the-shift-to-3d-its-magical-ai-npcs-are-out-of-prototyping-and-you-bet-its-got-all-our-studios-working-with-the-tech/

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