Une base lunaire isolée avec des robots très en colère
Routine vous dépose sur une immense base lunaire en grande partie abandonnée, où tout semble conspirer contre vous. Le système de sécurité vous considère comme un intrus, la base tombe en ruine et des robots de sécurité squelettiques de type 05 rôdent dans les couloirs, guettant le moindre prétexte pour vous transformer en décoration murale.
Ces robots sont au cœur de l'horreur. On les voit rarement en premier. On les entend. Des pas lourds et métalliques résonnent dans la station. Des lasers balayent les couloirs obscurs. Le cliquetis d'une porte qui se déverrouille alors que vous êtes certain de ne pas l'avoir ouverte. Les Type 05 inspectent les moindres recoins, ouvrent les portes et vous traquent intelligemment au lieu de simplement tourner en rond.
Le jeu garantit l'équité en n'autorisant qu'un seul robot pleinement actif à la fois. Cela semble rassurant jusqu'à ce que l'on réalise que les unités désactivées restent là, immobiles, telles des carcasses métalliques. On se surprend alors à se faufiler entre ces enveloppes inertes, se demandant laquelle est sur le point de s'animer. Ce doute constant alimente la tension d'une manière que de simples sursauts ne sauraient égaler.
Routine gère parfaitement la pression. Les poursuites sont chaotiques et terrifiantes, mais le jeu comprend aussi qu'une traque incessante peut vite devenir agaçante. On a toujours le temps de respirer, d'observer les alentours et de résoudre les énigmes. Juste au moment où l'on commence à se détendre, une forme dans l'obscurité, qui ressemblait à une ombre, se révèle être bien pire.
Outils de survie tactiles de style rétro-futuriste
Visuellement, Routine s'inspire fortement d'Alien Isolation et des classiques de la science-fiction horrifique. Le jeu imagine un futur tel qu'il aurait été conçu dans les années 1980, pour un résultat délicieusement rétro et kitsch. Attendez-vous à des chaises en plastique, des câbles enroulés, du verre rayé, des panneaux métalliques cabossés, des écrans cathodiques et même une boutique de location de cassettes VHS nichée dans la station.
Le souci du détail est impressionnant. Rien ne paraît neuf ni brillant. Tout semble usé, réparé, voire légèrement abîmé. Ce style authentique donne à la base lunaire l'aspect d'un lieu réel, chargé d'histoire, ce qui rend sa chute dans l'horreur d'autant plus crédible.
Votre principal outil pour vous orienter dans ce cauchemar est le CAT, acronyme de Cosmonaut Assistance Tool (Outil d'Assistance Cosmonaute). Il s'agit d'un appareil en forme de pistolet bardé de boutons, d'interrupteurs et de modules. Au lieu d'appuyer sur une simple touche pour activer des capacités, vous manipulez différentes parties du CAT avec votre curseur. Cette interaction directe donne l'impression d'utiliser un véritable équipement, et non un simple menu de pouvoirs.
Le CAT est capable de faire un peu de tout, selon les modules que vous trouvez. Certaines améliorations permettent de neutraliser temporairement les ennemis, d'autres d'accéder aux systèmes de sécurité, de révéler des empreintes digitales cachées ou de voir dans le noir. La plupart de ces capacités consomment de l'énergie grâce à une petite batterie ; chaque utilisation a donc un coût. Par exemple, court-circuiter un boîtier électrique pour étourdir un robot réduit la capacité de votre prochaine analyse ou source de lumière.
Il existe toujours un risque que ce type de système de ressources se transforme en microgestion fastidieuse, mais Routine l'évite. Des piles de rechange et des piles jetables recyclées sont intelligemment réparties dans la base. Les énigmes nécessitant de l'énergie sont toujours résolues à proximité. Il faut certes rester vigilant et réfléchir à sa consommation, mais on n'est jamais contraint à une planification rigide et ennuyeuse. Le jeu recherche la tension, pas la frustration.
La routine brille également par sa logique environnementale. De nombreux problèmes trouvent des solutions qui semblent ancrées dans le monde réel plutôt que d'être purement ludiques. À un moment donné, vous avez besoin d'un numéro d'identification pour vous connecter à un terminal public. Au lieu de pirater un système complexe, la réponse se trouve littéralement sur le badge de votre combinaison, le même numéro que vous avez récupéré au tout début. C'est une réponse d'une évidence presque gênante, et c'est précisément ce qui la rend satisfaisante. Le jeu vous incite à considérer son univers comme un lieu régi par le bon sens.
Interface minimaliste, ambiance prenante, scénario faible
Pour une immersion totale, Routine utilise une interface minimaliste. Pas de barre de vie, pas de halo rouge autour de l'écran. La plupart du temps, vous ignorez tout simplement à quel point la mort vous menace. Vous le découvrez à vos dépens lorsqu'une attaque vous projette au loin ou vous terrasse instantanément. Votre sort se résume alors à un simple binaire : vivant ou mort. Cette approche rompt avec la routine habituelle des survival horror où l'on erre en boitant à la recherche de kits de soin et vous maintient dans une tension constante.
C'est dans l'atmosphère et le gameplay, instant après instant, que Routine excelle. Se faufiler dans des couloirs vacillants, guetter un robot que l'on sait proche, jongler avec la batterie limitée de son CAT tout en essayant de déchiffrer des journaux ou de résoudre une énigme procure une tension insoutenable. Le mélange d'une IA ennemie intelligente, d'outils tactiles et d'énigmes réalistes crée une boucle de gameplay captivante qui ravira les amateurs d'horreur et de science-fiction.
Là où Routine pêche, c'est dans son récit. La première partie s'appuie sur des thèmes classiques de la science-fiction d'entreprise : sociétés douteuses, publicités trompeuses et mascottes mignonnes dissimulant une réalité sordide. Cette partie est acceptable, bien que prévisible. Les problèmes commencent lorsque l'histoire tente de gagner en intensité. Un faux dénouement visuellement impressionnant débouche sur un rebondissement et un changement de ton soudain, vers quelque chose de plus surnaturel.
Ce mélange des genres aurait pu être captivant, mais le jeu n'exploite pas pleinement l'idée ni ne la développe correctement. Le changement de cap est plus abrupt qu'ingénieux, et le final tombe à plat au lieu d'exploser. La fin est plus déroutante que marquante, donnant l'impression d'avoir été forcé d'y arriver plutôt que d'y avoir été naturellement guidé par l'histoire.
Malgré une fin en demi-teinte, Routine reste une expérience de science-fiction horrifique mémorable grâce à son style rétro-futuriste, son ambiance immersive et sa conception mécanique ingénieuse. Si vous appréciez des jeux comme Alien Isolation et Dead Space et que vous recherchez une aventure intense sur un PC ancien ou un ordinateur portable de jeu performant, Routine mérite le détour, surtout compte tenu de son prix abordable.
Article et image originaux : https://www.pcgamer.com/games/horror/routine-review/
